Churchill ...
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Churchill
Comme s'il l'éprouvait jusqu'au plus profond de lui-même, Churchill n'a à peu près pas cessé, durant toute la semaine, de manifester une humeur exécrable. Et il réalise aussi avec quel puissant réalisme le Russe a su exploiter les graves litiges qui séparent ou opposent l'Anglais et l'Américain. Car, entre Roosevelt et Churchill, ily a un lourd contentieux !
D'abord sur le plan militaire: l'état-major britannique et l'état-major américain sont en pleine polémique à propos de la stratégie générale imposée par Marshall contre Hitler; les Américains ne paraissent montrer aucune hâte à occuper Berlin avant les Russes; les Anglais ont été violemment hostiles au débarquement de Provence et à l'opération dite de « la petite tenaille ». Ils préconisaient le débarquement en Grèce et en Yougoslavie, l'opération « grande tenaille » qui aurait permis aux soldats de l'Occident d'arriver les premiers à Belgrade, Vienne et Prague, peut- être même à Bucarest, Berlin et Varsovie. Churchill n'est pas loin de considérer que, par le manque d'imagination de Marshall, des buts essentiels ont été manqués.
Ensuite sur le plan diplomatique: en dépit des supplications de Churchill, Roosevelt s'est accordé avec Staline pour empêcher que la France siégeât à Yalta.
Churchill au travail
Sur le plan de la doctrine l'opposition est également très nette: l'emprisonnement de Nehru, la surveillance incessante dont Gandhi est l'objet, la volonté de Churchill de se réinstaller solidement à Singapour et Hong-Kong irritent Roosevelt « à le faire hurler ». Le chef de la Maison-Blanche n'a manqué aucune occasion depuis le début de la conférence, en présence de Staline, de distinguer la pensée américaine du colonialisme et de l'impérialisme du Premier anglais.
Enfin sur le plan politique les dissentiments sont graves: Churchill est loin de partager le crédit que font Roosevelt et Hopkins à la bonne foi de Staline. Depuis huit jours, il s'est battu sans grande conviction pour essayer de faire imposer par Roosevelt, qui détient la plus grande puissance et qui sait par Einstein que les savants américains sont tout prêts de réussir la fabrication de la bombe atomique,  des conditions qui pourraient éviter la soviétisation de la Pologne, de la Roumanie et de la Bulgarie.
Il a dû faire preuve d'une extrême violence pour faire accepter que la France ait droit à une zone d'occupation en Allemagne après la défaite de Hitler. Las et amer, mesurant pathétiquement sa faiblesse. Churchill a eu finalement l'attitude du lion devenu vieux, le réflexe de l'égoïsme, il ne s'est acharné qu'à sauver son propre bien, c'est-à-dire la grande voie sacrée de la puissance britannique, la route des Indes.
Churchill et Roosevelt
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Conférence de Yalta